samedi 21 juin 2014

À quelques secondes de la pire CATASTROPHE...

Ça ne nous aura pris qu’une heure en sol européen pour frôler la catastrophe. Mais genre, CATASTROPHE.

Je vous raconte comment tout ça s’est déroulé.

En sortant de l’avion, constatant d’abord que ma valise neuve avait mangé une sérieuse claque :
On marche l’équivalent d’un ou deux kilomètres pour rejoindre la station d’autobus. J’avais imprimé le trajet pour nous rendre à l’appartement qu’on a loué, mais pour une raison que j’ignore, Google Maps m’a imprimé le trajet… en voiture. Pas tout à fait la même chose qu’en transport en commun, mettons. Les propriétaires de la maison nous avaient dit que ça nous prendrait environ une quarantaine de minutes pour nous rendre en métro (vous verrez qu’ils ne l’ont visiblement jamais pris).

Au départ, on croyait qu’on devait prendre le bus. On se dirige donc à la station où le gars nous dit qu’il faut acheter les billets à l’étage d’en dessous, d’où on arrivait, bien évidemment. Note ici : j’ai pesé le poids total de tout ce qu’on traînait et ça allait comme suit pour moi : grosse valise sur quatre roulettes (45 lb), petite valise sur quatre roulettes (22 lb), sacoche (12 lb), sac de laptop (15 lb). Pour Jenny, c’était la même chose, mais avec des valises sur deux roulettes et une dizaine de livres en moins à tirer. Après une deuxième vérification, on comprend qu’on peut tout faire en métro, mais qu’il faut quand même aller à l’étage inférieur.
On s’y rend, et ça nous prend un bon gros 10 minutes pour comprendre quoi acheter comme billet de métro. Finalement, on opte pour la passe hebdomadaire qui revient à environ 30$. On se dirige donc vers les portes pour le métro, où je revois le journal local que j’avais aperçu plus tôt et que je voulais prendre. La manchette est écœurante : «On their Wayne home», un «hommage» à Wayne Rooney et la dernière défaite de l’Angleterre à la Coupe du monde. Je la pointe, disant à Jenny qu’on devrait en prendre chacune une copie. Elle me la remet et je me dis que je serais mieux de la mettre avec mon laptop, moins de danger de l’abîmer.
Mon laptop. MON LAPTOP. OÙ EST MON SAC DE LAPTOP?!?!

Petit coup d’œil rapide autour de moi : on ne l’a plus.

J’ai PERDU mon laptop aka ma VIE. Et je venais d’y serrer mon iPad également. PANIQUE TOTALE.
Jenny me dit de courir et qu’elle allait garder notre milliard d’autres valises. Je cours vers la billetterie de métro. Rien. J’accoste un employé, il n’a rien vu. Je cours vers l’ascenseur (lent!) qui menait à l’étage 0 au-dessus de nous, où nous avions demandé des informations. C’est clair que la peur, l’anxiété, la crainte, l’adrénaline et surtout la panique se lisaient sur mon visage, car tout le monde m’a suivie des yeux à ma sortie de l’ascenseur et a suivi ma course (j’aurais certainement pu battre Usain Bolt!) jusqu’au banc où on s’était arrêtées quelques instants pour analyser le plan.

Mon sac était toujours là.

MIRACLE.

Je remercie la vie d’avoir décidé à la dernière minute de prendre mon sac le plus laid et le moins attirant pour y glisser mon laptop. Et d’avoir décidé avec Jenny de «voler» la couverture d’avion un peu plus tôt, car c’est ce qui dépassait du sac et ça ne laissait pas du tout croire qu’il y avait pour genre 2000$ d’équipement électronique dedans.

Je n’ai jamais lâché un aussi grand soupir. Les quelques personnes qui avaient suivi ma course ont également poussé un soupir de soulagement en me voyant sauter sur mon sac, les larmes aux yeux. Jenny a eu le même regard quand elle m’a vue revenir avec dans mes bras, le tenant comme si ma vie en dépendait. Parce que MA VIE est dans ce laptop. Mes textes, manuscrits de futurs romans, des dizaines et des dizaines de milliers de photos. Et non, je n’ai pas fait de sauvegarde sur mon énorme disque dur externe acheté il y a déjà un an. C’est la première chose que je fais en rentrant au pays, c’est promis.

Je n’en reviens toujours pas de l’avoir retrouvé. Je n’ose même pas imaginer ce que j’aurais fait sinon. En fait, je ne serais pas en train d’écrire, mais plutôt en train de pleurer en petite boule dans le coin de l’aéroport. À tout jamais! Je sais, certains diront que c’est juste un ordinateur portable, mais croyez-moi, c’est un des deux objets les plus importants que je possède. Sans aucune hésitation. 

Comme dans un film…


À peine remises de nos émotions, nous sommes parties en métro. On en avait pour 47 minutes sur ce trajet, et on devait en prendre un autre. En arrivant à cette station, on constate que c’est zéro «valise-friendly». Il n’y a ni escaliers roulants ni ascenseur!!! Alors nos 170 lb de bagages et nous avons dû escalader et redescendre des dizaines de marches pour nous rendre sur la ligne suivante. Et remarcher quelques centaines de mètres. Arrivées dans ce métro, ça faisait déjà presque trois heures que notre avion avait atterri. Avion dans lequel, on n’avait PAS dormi. Alors on avait vraiment hâte d’arriver.

Sauf que…

À un arrêt, le métro s’est arrêté un peu plus longtemps. Ça nous a pris une très longue minute de plus que tous les autres passagers pour comprendre qu’on devait débarquer, que c’était le terminus et qu’on devait aller prendre l’autre métro de l’autre côté de la passerelle. Je descends, avec mes valises, mais lorsque je me retourne : horreur.

Les portes se referment entre Jenny et moi. Cette fois, c’est elle qui avait cette expression de panique. Le métro s’est remis en marche, et est parti. Mais c’était le terminus, alors on ne savait pas du tout où il s’en allait. Au garage? Dans un trou noir?!?

J’accroche – encore en panique – un employé, qui me dit sans grand stress que le métro fait une grande boucle et qu’il revient à une autre plate-forme. Que je dois simplement monter une trentaine de marches (seule avec mes valises!) et en redescendre une vingtaine pour aller retrouver mon amie, dans 4 ou 6 minutes.

OK, la course-contre-la-montre commence. Je ne dois pas la rater, on ne s’est pas fait un «plan d’urgence au cas où on serait prises dans une scène du film Sliding Doors». On n’avait pas de réseau sur nos cellulaires et on est dans une ville inconnue. Bref, j’escalade le mont Everest d’escaliers et j’arrive à la fameuse plate-forme 1. Un premier métro passe, il est vide. Un deuxième, vide aussi. L’employé du début réapparaît et me dit de ne pas paniquer, que mon amie serait dans le suivant.

Heureusement, elle y était. Je n’avais pas eu le temps de me rendre à son wagon, car il y avait trop de monde. Je croisais les doigts qu’elle pense à sortir de ce métro et demander son chemin, même si elle n’avait aucune idée où elle était.

Thank God, c’est ce qu’elle a fait. Je vous laisse imaginer son regard quand elle m’a entendue crier «JENNY!!!!» J’ai même vu des larmes dans ses yeux. Elle m’a raconté qu’elle s’était retrouvée dans le noir, et que plus rien ne bougeait pendant une ou deux longues minutes. Elle a trouvé le bouton d’urgence et a réussi à signaler sa présence au chauffeur.

Une maudite chance que ce métro faisait une boucle!

Mais notre trajet de l’horreur n’était pas fini. On devait repasser par tous les escaliers que j’avais empruntés pour aller la retrouver et revenir au point initial. Pour reprendre un deuxième métro, qui nous menait à une dizaine de minutes à pied de notre appart. Avec nos valises et les trottoirs cahoteux en briques inégales, ça nous en a pris 30.

Nul besoin de dire qu’on avait l’air de deux monstres en sueurs, cernées et décoiffées en arrivant. Premier commentaire du propriétaire de l’endroit? «You look tired».


Ouais, on s’en doute. Et on a tour à tour sauté dans la douche. Parce que malgré tout ça, il n’était même pas encore midi et notre journée ne faisait que commencer!

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